Un anti-musée des anti-musées
Un anti-musée des anti-musées n’en fait pas pour autant un musée. Et c’est heureux, puis que les anti-musées ne sont pas des musées, ils sont vivants et sont toujours ouverts, eux, comme antimuseum.com. D’ailleurs, au moment où j’écris ces lignes, les musées étant désertés, ce sont plutôt ces derniers qui ressemblent également à des anti-musées.
L’anti-musée des anti-musées

Nous devons le concept d’anti musée, à Jean Tinguely. Nous avons pour notre part créé les premières versions de ce site dans les années 90 pour y ranger nos collections d’aquarelles.
Les anti-musée au cœur du vivant
Au fur et à mesure, le site a évolué vers la photographie et les deux, aujourd’hui, se rejoignent. Depuis lors, de nombreux artistes, philosophes ou de simples internautes se sont emparé de ce concept de différentes manières. Alors qu’à l’origine, seul un anti-musée, le nôtre, trônait au pinacle des moteurs de recherche (Google à l’époque venait d’être créé et existait à peine), les anti-musées sont pléthore aujourd’hui et il faut s’en réjouir.
Nous tentons d’en garder une trace ici dans cette liste qui sera mise à jour au fur et à mesure de nos nombreuses découvertes dans cet anti-musée des anti-musées qui recense les diverses versions de ce concept et la manière dont il a été interprété.
1. Paris Art et le CENTQUATRE, anti-musée tourné vers la création
Sur le site Paris Art, on revient en 2009 (déjà un « temps de crise », comme quoi on n’en sort pas si facilement), au travers d’un livre, sur la création du CENTQUATRE, installé dans les anciennes pompes funèbres de Paris. Je crois qu’il y a un peu d’ironie ici.
« Robert Cantarella et Frédéric Fisbach, […] expliquent leur ambition: bouleverser le rapport entre le public et les artistes en faisant du CENTQUATRE un lieu d’art unique au monde, tourné tant vers le vivant que vers la création »
Cantarella et Fishbach sont respectivement acteur et metteur en scène mais ne sont plus responsables du CENTQUATRE depuis de nombreuses années.
2. Anti-musées créationistes et scientifiques
Daniel Phelps, un scientifique et paléontologue, présente le musée créationiste du Kentucky comme un « anti-musée » dans lequel les thèses fantaisistes des inventeurs du musée sont présentées comme autant d’arguments pour rétablir la « vérité » issue de la Genèse. Il va de soi que nous ne partageons pas ces thèses et que la parenté de l’anti-musée est celle de Tinguely et du Cyclope et non celle des négationnistes de la science. Anti-musée est souvent perçu, voire défini, comme étant l’opposition à un musée, mais on peut le voir aussi comme une glorification du vivant, et c’est là que nous nous situons.
« Originaire d’Australie, Ken Ham est arrivé dans le nord du Kentucky en 1994. Auparavant, il avait travaillé pour l’Institute for Creation Research (ICR) près de San Diego, en Californie. Pendant son séjour à l’Institute for Creation Research, le révérend Ham a acquis la réputation d’être un agitateur du mouvement créationniste. Par exemple, son livre le plus populaire, The Lie : Evolution (Le mensonge de l’évolution), pourtant destiné aux adultes, présente des dessins d « évolutionnistes » habillés en pirates avec des canons tirant sur un château nommé « christianisme » (comme dit Dave Barry, « Je n’invente rien !« ) ».
3. Un anti-musée anthropologique pour glorifier les objets quotidiens
De Croatie nous vient une autre forme d’anti-musée, dans une version plus anthropologique, celle de l’artiste Vladimir Dodig Trokut, “à la fois une légende et une énigme en Croatie” si j’en crois le site ikonartfoundation.org.
“Bien qu’il soit présent sur la scène créative depuis les années 1960 et qu’il soit très prolifique, son travail n’a pas encore fait l’objet d’une évaluation critique sérieuse. Peut-être est-ce en partie parce que Trokut crée en marge [de la scène artistique croate]”.

« Cet intérêt pour l’anthropologie, ainsi que les pratiques artistiques subversives et anti-institutionnelles des années 1960 ont probablement été le stimulus pour la création de l’Anti-musée de Trokut, une collection massive d’objets quotidiens et trouvés qu’il a rassemblés au cours des quatre dernières décennies. La collection est un « anti-musée » non pas tant parce que Trokut est anti-institutionnaliste, mais parce qu’elle existe en dehors de toute pratique muséologique établie, car elle comprend des objets ordinaires, des œuvres de l’artiste lui-même et des œuvres d’autres artistes, et de plus, elle est à la fois une collection et un projet artistique.
Il existe bien d’autres lieux et travaux intéressants sur ce thème, notre travail de conservateurs des anti-musées ne fait guère que commencer.
dernière mise à jour : 28 février 2021

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