Architecture parisienne pour touriste attardé

Pas besoin d’aller bien loin pour trouver un sujet d’architecture parisienne pour touriste. Comme j’en suis toujours un dans ma propre ville, je fais probablement partie de ceux qui sont bien placés pour en parler. J’ai choisi de me concentrer sur le quartier de la tour Eiffel. Les courbes, ici, sont partout. C’est là que se trouvent habituellement les « fan zones » sportives et en 2024 le site éphémère des Jeux olympiques sans parler des innombrables touristes, encore plus nombreux depuis cet événement. La tour Eiffel, puisque c’est le sujet du jour, c’est la courbe par excellence.

Architecture parisienne pour touriste attardé

L’industrie, belle et élégante

À cette époque, l’architecture industrielle savait être belle et élégante. Quel régal pour les yeux ! Personnellement, je ne m’en lasse pas. Et comme la tour est sur le chemin du bureau…

On oublie souvent que de nombreux intellectuels avaient signé une pétition pour exiger le démontage de la Tour. Parmi eux, Charles Garnier et Charles Gounod et même Émile Zola ! Comme quoi l’on peut être moderniste et rétrograde à la fois.

Épigraphe en courbe

Derrière la Tour Eiffel, le Trocadéro et son palais de Chaillot, construit dans les années 1930. Encore des courbes, toujours des courbes. J’aime, sur cette courbe, y lire cette superbe épigraphe architecturale :

IL DÉPEND DE CELUI QUI PASSE
QUE JE SOIS TOMBE OU TRÉSOR
QUE JE PARLE OU ME TAISE
CECI NE TIENT QU’À TOI
AMI N’ENTRE PAS SANS DÉSIR

Grâce à mon outil de recherche IA favori, j’ai retrouvé l’origine de cette strophe. Il s’agit d’un poème de Paul Valéry. Face à la tour Eiffel, cette œuvre, « tirée des Charmes (1922), invite le visiteur à s’engager activement avec le lieu et la culture qu’il abrite », m’indique ce docte outil. Ce bâtiment accueille notamment le Musée de l’Homme et la Cité de l’Architecture. Après, on dira que la technologie ne sert qu’à l’abrutissement des masses, mais comme pour les musées, ce que l’on en retire dépend de celui qui y « entre avec désir ».

Question : les touristes qui stationnent devant le musée en se prenant en selfie font-ils preuve de désir d’apprendre ?

Mes recherches m’ont également appris que la statue au premier plan est l’Apollon musagète (conducteur des Muses) d’Henri Bouchard, tenant sa lyre et non une œuvre de Bourdelle. Toutefois, Bouchard a succédé à Bourdelle comme membre invité à l’académie royale des beaux-arts d’Anvers en 1930. Il y a donc bien un air de famille entre ces deux sculpteurs, même s’ils ne sont pas formellement affiliés à la même école.

Architecture parisienne pour touriste
Architecture parisienne pour touriste avec cette entrée Guimard du métro Dauphine

Un peu plus au nord, on arrive à la station de métro Dauphine. Elle est signée Hector Guimard. Il s’agit d’un joyau de l’Art nouveau parisien. Ses entrelacs végétaux en fonte moulée sont devenus l’un des symboles de la capitale, au même titre que les bouches de métro Denfert Rochereau, Abbesses (autrefois déplacée) ou Arts et Métiers.

Architecture parisienne pour touriste attardé

Je vis à Paris depuis des décennies, et pourtant je reste un provincial dans l’âme. Un touriste, en somme. Je n’ai jamais perdu cette capacité à m’émerveiller devant ce que les Parisiens de souche ne voient même plus. La Tour Eiffel au petit matin, les volutes d’une entrée de métro Guimard, les courbes majestueuses du Trocadéro : pour moi, c’est chaque fois comme si je les découvrais. Les vrais Parisiens passent devant sans lever les yeux. Moi, je m’arrête encore, l’appareil en main, le nez en l’air. C’est peut-être ça, le privilège du provincial : garder intacte sa capacité d’émerveillement face à cette ville qui ne cesse de se donner en spectacle et que tout le monde adore haïr, en oubliant sa beauté.

Yann Gourvennec
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